A croquer

« La (pire) fête de l’année », Sophie Kinsella : famille chérie…

Le monde d’Effie s’est effondré : le couple que son père formait depuis plus de trente ans avec Mimi, sa maman de cœur, n’est plus. Une séparation difficile à accepter, mais ce qui l’est encore plus, c’est de voir son père se pavaner avec Krista, une jouvencelle à la plastique parfaite et à l’appétit insatiable pour le clinquant brillant. Que son père refasse sa vie, c’est une chose, mais que le nouveau couple décide de vendre la demeure familiale de Greenoaks, là, c’en est une autre.

En effet, Effie, sa sœur Bean et son frère Gus ont passé dans cette immense et atypique demeure toute leur enfance. Une demeure considérée par beaucoup comme laide de par son architecture, mais essentielle et belle aux yeux d’Effie. Chaque recoin de la demeure fait partie de son entité. Et que dire de la cuisine, personnalisée au fil des ans par le dessin de Mimi selon les événements qui, les uns après les autres, ont marqué l’histoire familiale.

Tous ces éléments ont, vous l’imaginez aisément, scellé l’inimitié d’Effie envers Krista. Aussi, lorsque celle-ci décide d’organiser une fête d’adieu en l’honneur de Greenaoks, Effie s’étouffe. Il faut dire qu’elle n’est pas la bienvenue à Greenoaks, et Krista use du froid entre sa belle-fille et son père pour arguer de l’absence d’Effie. Un toupet et un aplomb qui font fulminer notre héroïne.

« Mon cœur se serre. Tout va tellement vite. Le divorce. La copine. La vente de la maison. Et maintenant cette fête. Une fête ? Vraiment ? » (p.33)

Pourtant, Effie veut absolument récupérer les poupées russes de son enfance, auxquelles elle tient tant. Comment les récupérer avant que les nouveaux propriétaires emménagent et surtout sans se faire prendre par Krista ?

Effie met en place une stratégie qui, dans la théorie, devrait lui permettre de récupérer ses précieuses poupées en une heure maximum. Mais c’est sans compter… Joe, son amour d’autrefois invité à la soirée ; les larmes de Bean, l’éternelle optimiste ; les échanges juridiques au téléphone de Gus avec un mystérieux interlocuteur ; les prix attribués par Krista au mobilier de Greenoaks alors qu’elle se croit seule… Bref, nombre de rebondissements sont à la clé, dans ce récit qui se lit avec un plaisir que l’on ne boude pas.

« Décidément cette soirée se révèle pleine de mauvaises surprises. » (p.123)

« Une sensation de frustration m’envahit. J’étais censée récupérer mes poupées russes en deux temps trois mouvements, pas surprendre des conversations dérangeantes ni me faire du souci pour ma sœur. Ni regretter de ne pas être à la fête, ni me demander ce qui allait arriver pendant le dîner. » (p.143)

Le happy end typique du genre est de rigueur, mais il est intéressant de considérer le questionnement que Sophie Kinsella propose sur ce qui fonde une famille : sont-ce les propriétés matérielles que l’on possède depuis toujours (une maison ? le mobilier ?) ? les membres les plus chers auprès de nous, de qui l’on peut s’éloigner, mais près desquels il est (toujours / encore) possible de se rapprocher ?

« Tous dissimulent les couches profondes de leur être, protègent leurs secrets soit derrière un sourire charmeur, soit derrière une paire de lunettes noires, soit sous un chapeau de paille, plus simplement par des mensonges. » (p.273)

En cette veille de Noël et à quelques heures de LA soirée de l’année, que vos retrouvailles en famille soient les plus apaisées et festives possibles !


La (pire) fête de l’année, Sophie KINSELLA, traduit de l’anglais par Delphine Bernard, éditions BELFOND, 2023, 358 pages, 21€.

Merci aux éditions Belfond pour l’envoi gracieux de ce sympathique roman, idéal en cette fin d’année !

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