A dévorer !

« Ceinture », Céline Robert : ce qui nous lie

Le couple et ses forces. Le couple et ses failles. Le couple et son usure. Le couple et les autres, qui à eux seuls peuvent redéfinir une tout autre dynamique du point de départ pour les amants (= ceux qui aiment… ou aimaient) originels.

Ainsi, Jean et Lauren vivent heureux depuis de longues années. Une histoire sans bruit, épanouie et sans relief notable, pourraient noter quelques-uns. Mais Lauren a décidé de se mettre elle-même à l’épreuve de l’adultère et de franchir le pas avec l’un de ses collègues. Lorsque Nadia, la femme de ce dernier, découvre une magnifique ceinture féminine oubliée par inadvertance sous le lit conjugal, le tremblement de terre escompté n’est peut-être pas si redoutable que cela : alors autant oublier son désarroi en compagnie de la baby-sitter de son fils, Emma, une étudiante décomplexée qui n’a d’yeux que pour… Jean, son professeur d’université.

Les hasards des rencontres et des affinités sont tournés en une danse dans laquelle les uns et les autres se frôlent sans le savoir, et c’est tout le génie du roman de Céline Robert. Une simple ceinture suffit à tisser le lien non seulement entre les personnages entre eux, de façon intelligente d’ailleurs, mais aussi le lien fictionnel. Il y a ce que l’on donne, ce que l’on abandonne, et ce que l’on ne retrouvera peut-être plus jamais.

« Tout commence à germer il y a environ quatre mois. Une envie inhabituelle d’envoyer la bienséance se faire foutre. » (p.14)

Bien évidemment, nous guettons nous lecteurs avec une certaine avidité le moment où la collision sera inévitable, si collision il y a. Car, après tout, Céline Robert semble suggérer l’art subtil de l’évitement et de la discrétion pour que, en amour, chacun puisse avancer selon ses envies et ses désirs. Apologie de l’indépendance amoureuse ? Pas forcément. Ce qui est sûr, c’est qu’elle questionne le désir sans doute inhérent à chaque être humain d’aimer autrement, à un moment donné de sa vie, et la tentation de tester ses limites et ses envies, qu’elles soient réalisables ou non.

« Comment s’est-elle retrouvée emmurée dans une vie qui la tient à l’écart de cette folie et de cette joie ? » (p.91)

Ceinture est un récit qui se lit comme une ronde amoureuse, souvent sensuelle, et surtout rudement bien troussée. Un régal.


Ceinture, Céline ROBERT, éditions CALMANN LEVY, 2025, 152 pages, 18€.

1 réflexion au sujet de “« Ceinture », Céline Robert : ce qui nous lie”

Laisser un commentaire