A croquer

« Toutes ses fautes », Andrea Mara : erreur(s) de jugement

Le petit Milo, quatre ans, devait passer l’après-midi chez son nouvel ami Jacob. Mais lorsque Marissa, sa maman, vient le récupérer, ce n’est pas la maman de Jacob qui lui ouvre la porte, mais une parfaite inconnue. Erreur d’adresse ? Ce serait là une bien étrange méprise.

Avec espoir, Marissa fait appel à tous ses contacts. Sans succès. L’évidence ne se fait pas attendre : Milo a été enlevé. Le monde de la jeune maman et de son mari Peter s’écroule : survivre dans une attente éprouvante, en placardant dans toute la ville des affiches du charmant minois de l’enfant. S’attaquer à l’enfant est-il un acte qui les vise eux, le couple talentueux riche à millions ? Pourtant, aucune demande de rançon n’est faite.

« Tout s’effondra autour d’elle, comme si le monde avait toujours été fait de verre. Sa vie se brisa en de minuscules petits éclats, trop petits pour être recollés. Il n’y avait pas de retour en arrière possible. » (p.450)

Autour d’eux, bien évidemment, on jase. Coup de pub ? L’hypothèse est des plus macabre, mais est pourtant envisagée par les haters des réseaux. Nombreux sont ceux qui commentent, rares sont ceux qui proposent leur aide, désintéressée, pour soutenir le couple en détresse. Au cœur du roman, omniprésente, la thématique de la famille : fusionnelle, nucléaire, mais aussi ravagée, scindée, menacée. Et les ombres qui planent sur elle ne sont pas toujours celles auxquelles on pense…

« Ils avaient de nombreuses failles, des failles qu’ils cachaient tous les deux au reste du monde. » (p.112) « Les gens étaient prompts à proposer leur aide, ces derniers temps, mais cela voulait-il vraiment dire quelque chose ? N’était-ce qu’une phrase bateau qu’on disait quand on ne savait pas comment combler un silence ? » (p.240)

Si les premières théories s’avèrent assez rapidement payantes, la machine s’emballe lorsqu’un réseau, quelque peu douteux mais réaliste, est mis à jour… jusqu’au retournement de situation final. Une accumulation de péripéties qui fait basculer le récit, aux deux tiers passablement haletant, dans l’invraisemblance. La surenchère a ses limites, quand bien même on tourne avec avidité les cent dernières pages. L’imbroglio narratif pourrait presque nous perdre, je le confesse. D’où une chronique pondérée, mais qui vous assure un moment de lecture plaisant, pour autant que vous acceptiez de passer outre la crédibilité du dénouement.

« Ca va passer, je vous le promets. Les bonnes choses n’arrivent pas toujours aux gens bien, malheureusement, mais j’ai l’impression que la chance vous guette. » (p.356)

Toutes ses fautes, Andrea MARA, traduit de l’anglais (Irlande) par Anna Durand, éditions POINTS, 471 pages, 9.90€.

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