
Cadence, aussi nommée Cady, a l’honneur et le privilège d’être la première petite-fille d’une illustre famille qui compte parmi celles du Nord-Ouest des États-Unis : les Sinclair, riches, très riches de florissants succès depuis les premières générations des colons d’Amérique. Les Sinclair ont tout pour eux : l’argent, la santé, la beauté. Et surtout, que le vernis ne s’écaille pas, sous aucun prétexte : cela ferait mauvais genre. Aussi est-il de bon ton de taire les séparations, divorces et autres misères de la vie.
L’opulence des Sinclair est telle que le patriarche, propriétaire d’une île jouxtant la très chic Martha’s Vineyard, a construit pour lui et chacune de ses filles de grandes villas. Tous les étés, la tribu s’y retrouve et Cady aime y retrouver ses chers cousins et ami (Johnny, Mirren, Gat) , aussi nommés « Les Menteurs ». Les adolescents vivent en liberté sur cette île où tout leur est permis, sauf l’indécence de se plaindre ou de marquer un quelconque sentiment qui viendrait troubler l’apparente harmonie familiale.
Mais les Sinclair restent humains et le deuil de mamie Tipper, lors de l’été des quinze ans de Cadence, fait vaciller la dynastie : les trois filles Sinclair se crêpent le chignon pour s’octroyer les biens de leur mère, tandis que le grand-père use et abuse de son autorité pour tirer les fils autour de lui, s’assurant l’allégeance absolue des siens.
« Ma mère et ses soeurs dépendaient de grand-père et de sa fortune. […] Aucune d’entre elles n’avait fait quoi que ce soit d’utile dans ce monde. Rien de nécessaire. De courageux. Elles étaient restées comme des petites filles s’efforçant de faire plaisir à leur papa. Il était leur unique gagne-pain – et elles n’aimaient que le pain de luxe. » (p.236)
Il en va de la mythologie familiale, et cela n’a pas de prix, même lorsque l’on est riches à millions.
« Je savais ce que grand-père attendait de moi. C’était une requête fréquente de sa part. Il adorait revivre les grands moments de l’histoire des Sinclair et amplifier leur importance. Il nous demandait constamment ce que tel ou tel souvenir évoquait pour nous, et nous étions censés lui apporter une réponse détaillée. Avec des images précises. Voire une morale à la fin. » (p.44-45)
Les menteurs, spectateurs muets de ces batailles de chiffons (de luxe), sont pris à parti malgré eux dans cette vaste mascarade qui prouve une fois de plus qu’au nom de l’argent les belles valeurs ne valent finalement pas grand chose.
« je n’ai pas envie d’être l’aînée. L’héritière de l’île, de la fortune, des attentes familiales. » (p.84)
Mais ce même été quinze, Cady a un grave accident qui la laisse partiellement amnésique : pendant deux ans, elle est tenue éloignée du fief estival. L’été dix-sept, les choses ont changé, ses proches aussi : qu’est-ce que sa mémoire aurait occulté, sciemment ou non ? De quels mensonges est-elle à son tour victime ? Car intuitivement, elle sent qu’on lui cache des choses… A quel prix la révélation ultime se fera-t-elle ?
Si ce roman pour adolescents a fait grand bruit et est actuellement adapté sous la forme d’une série, témoignant de son succès incontesté, je suis restée de marbre une grande partie du récit : longueurs et langueur m’ont profondément ennuyée. Les répétitions à n’en plus finir ont eu raison de mon intérêt pour les indices qui laissent deviner que la famille Sinclair n’est pas aussi reluisante qu’il y paraît et que, sous l’épais tapis luxueux, se terrent des secrets. Lors de la révélation finale et du twist tant attendu, alors j’ai vibré et mon cœur s’est serré. Mais hélas trop tard…
De fait, ce roman est parfait pour des adolescents car résolument bien écrit, avec des thématiques qui leur parlent (l’initiation amoureuse, les liens entre cousins, l’incompréhension entre parents et enfants ainsi que les couples séparés, le deuil des aïeux). Pour les adultes, le risque d’ennui est là ; au mieux ressentira-t-on la douce nostalgie de nos vacances en famille, peut-être moins riches, peut-être moins libres, mais peut-être plus vraies et plus sincères…
Nous les menteurs, E. LOCKHART, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny, éditions GALLIMARD JEUNESSE, 2018 pour la présente édition, 328 pages, 7.10€.

Ah, mince ! Le début me semblait intéressant dans ce milieu si hypocrite et superficiel…
Dommage pour les longueurs !
Merci pour ton analyse et bonnes lectures.
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Sans doute mon avis est-il à prendre avec distance, parce que je suis une adulte et que le récit est plutôt pour les « jeunes ». Il n’empêche, trop de répétitions…
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