A dévorer !

« Disparue à cette adresse », Linwood Barclay : l’effet boomerang

Andrew Mason a vu sa vie bouleversée il y a six ans lorsque sa femme, Brie, a disparu sans laisser aucune trace. Alors qu’il était en week-end pêche avec son ami Greg, Brie était restée seule à la maison. Une seule visite au programme : celle du dératiseur, car la jeune femme soupçonnait des souris d’avoir établi leur fief dans leur nouvelle maison, à retaper entièrement. Mais ça, c’était l’affaire d’Andrew.

Sauf que Brie a disparu et jamais personne n’a retrouvé une quelconque trace d’elle. Enlèvement réussi ? Meurtre maquillé ? Andrew a longtemps était soupçonné ; incessamment traqué par l’inspectrice en charge de l’affaire ; lourdement accusé par la famille de Brie, en particulier par Isabel, sa belle-sœur. Parce qu’il se savait innocent, Andrew a courbé le dos, baissé la tête face à la vindicte populaire, souvent prompte à juger.

« Mais le fait est que des choses irrationnelles se produisaient sans arrêt dans notre monde rationnel et que, de ce point de vue, oui, tout se tenait. » (p.358)

Pour espérer vivre à nouveau, Andrew a déménagé, a changé son nom de famille. Et tente de refaire sa vie, avec la douce Jayne, laquelle ignore les éléments exacts du passé amoureux de son compagnon. Sans doute Andrew pense-t-il que l’ignorance est garante de la paix des ménages.

Mais lorsqu’une femme apparaît à la précédente adresse d’Andrew, là où Brie et lui vivaient, et qu’elle s’étonne de ne pas reconnaître sa maison, le nouvel édifice personnel que le protagoniste tentait de construire vacille : si Brie est de retour, que va devenir son couple avec Jayne ? En effet, Andrew est officiellement toujours marié. La famille de Brie est elle aussi témoin d’une apparition : et l’espoir de renaître pour eux !

« J’avais le sentiment que mon univers, tel que je l’avais reconstruit, était sur le point de se déliter. » (p.51)

Dans tous les cas, comment expliquer une parenthèse de six années ? Des visions fugaces, mais suffisantes pour semer le trouble dans les vies d’Andrew, d’Isabel, de Jayne et des autres. Le trouble… ou le chaos.

« Mais si cette femme était Brie et qu’elle comptait reprendre sa place d’épouse, eh bien, merde, que se passerait-il ? » (p.179)

N’en disons pas plus : ce serait divulgâcher tout le sel de ce thriller domestique qui se lit d’une traite. Bien écrit et riche de différentes voix narratives, le roman use (sans en abuser, ouf !) de vrais ressorts dramatiques propres au genre. On ne saurait en demander plus : le plaisir de lire ce texte est là, sauf, alors c’est l’essentiel !

« Tout cela commençait à ressembler à un rêve ou, plus précisément, à un cauchemar. » (p.319)

Disparue à cette adresse, Linwood BARCLAY, traduit de l’anglais (Canada) par Renaud Morin, éditions BELFOND (que je remercie pour l’envoi gracieux du roman), 2024, 446 pages, 22.90€.

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