
Lorsque Mallory Blessing hérite de la maison de sa tante à Nantucket, c’est pour elle un cadeau inestimable : l’évidence que sa vie se fera désormais et à jamais sur cette île prisée des riches New-yorkais. Adepte d’une vie simple, elle organise son quotidien entre sa course matinale sur la plage, ses cours de lettres au lycée qui lui confèrent une solide réputation de professeur adulé par ses élèves et les quelques sorties avec ses quelques proches amis.
Si la transparence semble de mise, ce n’est pourtant qu’une illusion, car Mallory cache soigneusement un secret : l’été 1993, son frère Cooper, ses amis Frazier et Jake McCloud la rejoignent pour organiser l’enterrement de vie de garçon de Coop. Les festivités ne se passent pas exactement comme prévu, mais c’est l’heureuse occasion d’un rapprochement entre Mallory et Jake, leur attirance mutuelle ayant été tacite depuis plusieurs mois déjà. Seulement, Jake est engagé auprès d’Ursula, une femme d’affaires droguée au travail. Ni Jake ni Mallory ne conçoivent de briser la magie de leur relation. Alors, ils décident de se retrouver année après année à Nantucket, le week-end de la fête du travail, pour laisser libre cours à leur idylle. Car tous deux s’aiment du plus profond et du plus certain des amours.
« Nous sommes seuls au monde et ce week-end durera jusqu’à la fin des temps. » (p.75)
Pourquoi Jake ne rompt-il pas avec Ursula ? Pourquoi les deux amants restent-ils entravés par leurs obligations et leurs principes ?
« Une vie sans Ursula est inimaginable. Et pourtant, ce qu’il ressent pour Mallory n’est pas un engouement passager. C’est bien plus que cela. » (p.141)
Mallory voit dans cet éternel recommencement la mise à distance du quotidien qui parfois plombe et fait mourir une relation. 362 jours d’attente pour que le temps d’un week-end la flamme amoureuse renaisse, intacte, même toujours plus incandescente.
« Leur dernier week-end à Tuckernuck a été merveilleux, et elle doute qu’ils puissent un jour en passer un meilleur. Et pourtant… N’est-ce pas ce qu’elle se dit chaque année, au terme de chacun de leurs week-ends, toujours un peu meilleur que le précédent ? Leur histoire est un arbre qui pousse – peu à peu les racines s’enfoncent dans la terre et un nouveau cerne de croissance se forme sur le tronc. » (p.229-230)
« C’est elle qui a décidé, à la fin de leur premier été, de ne pas donner une autre dimension à leur histoire. Si elle l’avait fait, elle a la certitude que celle-ci se serait terminée, et peut-être même mal. (p.402)
Bien évidemment, l’attente est souvent odieuse, car le manque est cruel. Mais Jake et Mal se sont juré de ne pas céder et de ne pas entrer en communication en dehors de ce week-end béni et chéri. Alors, Jake reste aux côtés d’Ursula, fort d’une affection certaine pour celle qu’il a connue alors qu’il était adolescent ; Mallory, de son côté, papillonne, mais son cœur est ailleurs.
« Elle est une experte patentée dans ce domaine : endurer l’absence de l’être aimé. » (p.439)
Bien évidemment, les dangers sont là : le risque d’être vus ensemble à Nantucket, notamment lors de l’ascension politique fulgurante d’Ursula ; mentir à ses proches pour préserver absolument leur week-end… Mais par amour, Jake et Mallory tiennent. A-t-on là l’incarnation de l’amour infini ?
Elin Hilderbrand signe un merveilleux roman, épopée amicale et sentimentale sur près de trente étés successifs, qui voient grandir et mûrir des personnages attachants, fondamentalement bons, et confrontés à nombre de choix. L’amour y est questionné sous l’angle de sa longévité, de ses sacrifices, de son dévolu, de sa moralité (en question) : quelle forme l’amour doit-il avoir pour durer ? Qu’est-ce qu’une relation réussie ? Qu’est-ce que la plénitude idéale pour un individu ? Est-ce avoir trouvé l’amour ? Est-ce une question d’argent, de relations ? A quoi tient la réussite dans une vie ?
L’affection amicale et familiale est également célébrée tout du long, avec ses aléas et ses tourments. Mais, là encore, l’écrivaine démontre que les liens les plus solides endurent les épreuves, pourvu que l’on aime.
Été après été est une fresque bouleversante, qui fait croire plus que jamais en l’amour, en la famille et en l’amitié.
« L’histoire de Jake et de Mallory est inhabituelle, si fantasque même qu’elle s’apparente à un conte de fées. Elle a toujours évolué dans un monde parallèle […]. » (p.481)
Été après été, Elin HILDERBRAND, traduit de l’anglais (États-Unis) par Alice Delarbre, éditions LES ESCALES, 2022, 501 pages, 23€.
Un livre plutôt positif sur les habitants de Nantucket ? Ça change…😂
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