Étrange récit que Les Blondes, à la fois attachant et glaçant…
Nous suivons la jeune Hazel Hayes, étudiante originaire de Toronto qui part à New-York pour y rédiger sa thèse, après une brève liaison avec Karl, son directeur de thèse marié. Brève, mais suffisante pour qu’Hazel se retrouve enceinte.
C’est là le début des « péripéties » d’Hazel : gardera-t-elle l’enfant ou non ? L’annoncera-t-elle tout de même à Karl ? On remonte ainsi, d’une manière subtile, l’histoire d’Hazel pour mieux comprendre le point de départ du récit. Par conséquent, le lecteur se dit que ce récit s’annonce absolument réaliste.
Mais quid des blondes du titre ? Il faut attendre une cinquantaine de pages pour que de ce cadre strict de cette petite vie somme toute banale surgisse l’improbable hautement terrifiant : une peste blonde déferle et ravage soudainement le monde entier. En effet, les femmes blondes contractent les mêmes symptômes que la rage et elles commettent alors des actes conférant à la folie meurtrière. Une psychose naît : les femmes se rasent, on évite les blondes, que l’on met en quarantaine, jusqu’à ce qu’elles s’entretuent même entre elles…
Le choc a ébranlé la paroi. L’agresseuse a été propulsée plusieurs fois de suite contre le panneau par l’agente de sécurité. Un air dément s’est dessiné sur le visage de la blonde, écrasé contre le plexiglas, y laissant des traces de rouge à lèvres rose et de fond de teint poudreux. […]
Fébrile, la blonde nous a regardées droit dans les yeux et tout est devenu flou autour de moi. De ses narines et de sa bouche émanait un souffle qui couvrait le panneau transparent de buée et de postillons. (p.148)
La seule solution est alors de fuir : Hazel entreprend de quitter New-York et de rejoindre la Canada. Mais la fuite s’annonce difficile dès lors que des mesures de confinement la retardent.
Contre toute attente, Hazel devra sa survie à une seule personne, une seule femme, pour le moins inattendue.
Les Blondes est écrit avec fluidité, en alternant entre les pérégrinations d’Hazel et les ravages blonds mondiaux. Cependant, après avoir dévoré les cent premières pages, mon enthousiasme est progressivement tombé : on a en tête la quête d’Hazel, mais certaines répétitions se font ponctuellement sentir. Rien de bien grave : cela reste un récit à découvrir, par curiosité. Je vous le promets : autant j’ai toujours ri avec les BD des Blondes, autant je considère différemment la population aux cheveux clairs autour de moi maintenant !
Les Blondes, Emily SCHULTZ, 2014 pour la publication en France, éditions 10/18, 426 pages, 8.40€.