Margui et Matti ont prévu de se marier. Les deux familles attendent cinq cents invités et tout a été réservé. Seulement, le jour du mariage, Margui s’enferme dans l’une des chambres de l’appartement de sa mère, Nadia, et refuse d’en sortir.
Margui refuse de se marier, sans donner plus de motifs sinon le poème sibyllin d’une écrivaine qu’elle fait passer sous la porte et des phrases réduites à être seulement nominales : « Pas de mariage », « Pardon ».
« – Elle ne veut pas, lui répondit-il lentement en détachant chaque syllabe. Elle a dit qu’elle ne voulait pas se marier. » (p.12)
Tout le monde, plus ou moins apprêté pour l’occasion, se succède derrière la porte close : Nadia, son fantasque neveu Ilan, Maminou la grand-mère, mais aussi les parents de Matti, Perlinet Arié. Mais tout semble peine perdue… Les tensions sont perceptibles et chacun y va de son astuce pour tenter de faire sortir la mariée.
« Elle restait, comme les autres, à fixer cette chose qui la dépassait, les dépassait tous, cette chose tellement taboue qu’elle apparut ne relever d’aucune responsabilité personnelle mais être plutôt le fait d’une force mystérieuse qui aurait soudain fendu le plafond et balancé entre eux la monstrueuse charogne sanguinolente d’un animal non identifié. » (p.53)
Cela donne lieu à une galerie de personnages cocasses et attendrissants. Seul Matti, le futur marié, semble le plus taciturne. Il essaie, en vain, de déceler des indices dans sa relation avec Margui qui pourraient expliquer ce soudain refus.
« Peut-être. Peut-être qu’elle ne l’aimait plus. » (p.57)
« La seule chose que je veux savoir, c’est si ce que tu fais, c’est parce que tu as compris, enfin, parce que… simplement tu t’es rendu compte que tu ne m’aimais plus. C’est ce que je veux savoir et il me semble que j’en ai le droit. » (p.63)
Alors, la mariée ouvrira-t-elle de nouveau sa porte et le mariage se fera-t-il finalement ?
Cette nouvelle est un huis-clos dans la mesure où tout se passe en moins de vingt-quatre dans un seul et même lieu – l’appartement de Nadia et la rue de l’immeuble. De ce fait, le récit pourrait aisément être transposé en pièce de théâtre : les situations s’enchaînent, les répliques sont vives et la situation qui semble dramatique flirte bien plutôt avec la comédie.
Et la mariée ferma la porte est un délicat récit qui narre et décrit avec pudeur les coutumes du mariage en terre israélienne, à Tel-Aviv. Il se dévore, tel un savoureux macaron qui clôturerait un banquet de mariage !
« Margui », dit-il tout bas […]. Les deux syllabes sorties de sa bouche s’étirèrent et allèrent s’unir à l’étrange étrangère enfermée derrière la porte, celle qui avait été son amoureuse, avait été, au passé, sans l’ombre d’un doute. (p.134)
Et la mariée ferma la porte, Ronit MATALON, novella traduite de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, éditions Actes Sud, 2018 pour la traduction française, 142 pages, 15.80€.