Après des années de vie à Londres en tant que célibataire, Joanna est revenue habiter dans la petite bourgade côtière de Flinstead où vit sa mère. Son objectif : éviter à son fils de six ans, Alfie, de revivre le harcèlement dont il a été victime à l’école du fait de son métissage.
Au bout de quatre mois, Jo a trouvé du travail dans une agence immobilière et elle peut compter sur le soutien de sa mère pour garder Alfie. Bémols : ce dernier peine à se faire des amis, tout comme sa mère n’a guère de relations avec les autres mamans.
Alors, lorsque Jo apprend que Sally McGowan, accusée d’avoir tué, alors qu’elle était enfant, un garçon de cinq ans, habiterait en ville sous un nom d’emprunt, elle ne peut s’empêcher de répéter à son tour cette rumeur, même si elle ne semble basée sur aucun fondement. Jo s’en veut quelque peu de contribuer à la diffusion de cette rumeur, mais elle sent que cela peut être un prétexte pour que les autres mamans s’intéressent à elle. Piètre excuse selon Mickael, le père d’Alfie, journaliste d’investigation, venu rejoindre Jo et son fils pour tenter de vivre ensemble.
Jo mesure rapidement la viralité de la rumeur lorsqu’une habitante de la petite ville devient la victime de personnes malintentionnées : on placarde le visage de Sally McGowan sur les vitres de son magasin, puis on lui brise sa vitrine. Jo reçoit elle-même sur Twitter des messages étranges, puis progressivement menaçants, d’une certaine SallyMac.
« Je lui dirai que la rumeur s’est répandue plus rapidement que prévu et que je suis partiellement responsable de la tournure qu’ont pris les événements. » (p.112)
Jo serait-elle elle-même en danger ? La rumeur serait-elle finalement fondée ? Jo aurait-elle, sans le vouloir, déclenché une tempête dans la petite station balnéaire ? Les fantômes du passé revivraient-ils au présent ?
« Les rumeurs sont comme des graines dispersées aux quatre vents. Il est impossible de prédire où elles termineront leur course, mais s’il y a bien une certitude, c’est qu’elles finiront pas atterrir quelque part. Elles s’insinueront dans les endroits les plus insoupçonnables. Dans la moindre faille et la moindre fissure. S’enracinant au plus profond des éléments. Tenant bon. Peu importe qu’elles soient vraies ou fausses. Plus les rumeurs se répandent, plus elles gagnent en force. » (p.99)
La Rumeur est ce genre de roman totalement addictif car troussé comme un bon page-turner qui se respecte. Tout se passe dans le même lieu, les principaux protagonistes ménagent chacun autour de Jo leur part de mystère, des intermèdes narratifs ponctuent le roman de la voix de celle que l’on devine être SallyMcGowan : autant d’astuces stratégiques qui conduisent le lecteur vers un dénouement complètement inattendu.
Ce roman est facile et agréable à lire. Je regrette certains clichés, notamment dans le personnage principal de Jo, parfois trop entière et donc pas forcément crédible, ou encore dans la perfection de son compagnon Mickael, là encore narrativement pauvre. On pardonnera ces écueils, l’ensemble permettant de passer un bon moment de lecture.
La Rumeur, Lesley KARA, traduit de l’anglais par Clara Gourgon, éditions Les Escales, 2020, 372 pages, 21.90€.