Adrienne vient tout juste de divorcer de Georges. Ses trois grands enfants étant indépendants, elle peut s’offrir le luxe de déménager de Paris et de vivre, non loin, à Fontainebleau, près de la forêt et de son travail à la clinique.
« La liberté fait un grand blanc. Elle le préserve. Les mots flottent dans le silence. Elle ne cherche plus leur secours. Un jour peut-être elle le retrouvera. » (p.19)
Ce nouveau départ se double de la rencontre, au cours d’une soirée, de François, père de famille divorcé lui aussi, violoncelliste de métier. Entre les deux, l’accord est tacite : ils se reverront.
Seulement, la relation qui se met en place n’a rien d’ordinaire : l’un et l’autre décident de se retrouver, une ou deux fois par semaine, dans un hôtel de la Petite Ceinture parisienne. A chaque fois, un hôtel différent, jamais très loin de l’école où François donne des cours de musique ; à chaque fois, des paysages périphériques renouvelés. Le protocole amoureux (mais est-ce de l’amour, au final ?) est réitéré : un bar, une chambre d’hôtel où ils se font l’amour avec passion. Puis, une discussion au cours de laquelle chacun livre, de manière fragmentée, une partie de son histoire personnelle et familiale.
« C’est le début d’un rituel. Sans savoir pourquoi, ils ne pénètrent pas très avant dans Paris, préférant rester sur son bord. » (p.34)
« Ils ne savent pas même que ces rendez-vous reviendront, régulièrement, et qu’ils progresseront, lentement, le long de la Petite Ceinture. » (p.36)
« Ils resteront près de la Petite Ceinture qui exerce sur eux un pouvoir obscur. Elle tient dans sa boucle leur histoire. » (p.115)
A aucun moment Adrienne et François ne semblent advenir sous la forme d’un « nous », ce pronom pluriel qui fusionne chaque entité d’un couple. Non, leur relation est l’éternelle recommencement de la rencontre, un lien en filigrane que l’écriture (de longs mails, de textos) maintient pendant un an aussi vivante que la fusion hebdomadaire de leurs corps.
« Ils se retrouvent dans des chambres sans attaches, sans histoire, sans avenir. Et pourtant ils sont surpris à penser qu’un nous, d’eux, commençait à se former, un nous fait des mots qu’ils s’écrivent, de l’amour qu’ils se font, l’après-midi, avant de retourner à leurs vies qui les tiennent loin l’un de l’autre. » (p.81)
Récit géographique (autant bien connaître les alentours de Paris et sa Petite Ceinture sous peine de ne pas être sensible à la poésie des paysages urbains décrits) et intime, La Petite Ceinture est la somme de fragments de vie et de lieux. Morcellement harmonieux ou linéarité cabossée pour déterminer la ligne narrative du roman ? Dans tous les cas, une poésie contemplative des êtres et des choses.
« Ils se connaissaient, somme toute, mieux l’un l’autre que les couples ordinaires qui vivent et dorment ensemble. Eux deux n’étaient pourtant qu’à peine un nous, un nous fait des petites bribes qu’ils s’adressaient chaque jour » (p.226)
La Petite Ceinture, Nathalie PIEGAY, éditions du Rocher, 2020, 235 pages, 18€.
On a tout de suite envie d’en savoir davantage ! Je l’ajoute à ma PAL. Bon week-end ensoleillé 🌞😎
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J’ai moyennement adhéré. Beaucoup de descriptions de lieux périphériques à la capitale que je ne connais pas du tout. Pour le coup, je me suis un peu ennuyée… Veille à l’emprunter plutôt que l’acheter si tu le peux. Très beau weekend 🙂 A très vite !
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Merci beaucoup pour tes conseils !
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Merci à toi pour ton indéfectible suivi ❤ !!!!
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