A croquer

« Je suis une sur deux », Giulia Foïs : #balancetonviol

Viol FoisA vingt ans, un 24 juillet précisément, Giulia Foïs a été la victime d’un viol alors qu’elle travaillait à Avignon dans le cadre de son célèbre festival. Une heure quarante de terreur, de menaces, de coups pour que cet homme aux « yeux de rat » obtienne par la force la plus abjecte la soumission la plus absolue de sa martyre d’un soir.

« Un long et immonde crachat dans la gueule, voilà ce que c’est un viol. Crachat sur ton corps, crachat sur ton âme, crachat sur tes rêves. » (p.26)

Mais Giulia devient martyre à jamais : traumatisme physique, traumatisme moral, l’impact est et sera indélébile. Hélas, cela ne suffit – honteusement – pas à faire inculper son agresseur lors du procès qui se tient trois ans et demi après. Un scandale (finalement, le deuxième après le viol).

« J’ai vingt-trois ans et, à partir de maintenant, je vais devoir continuer à marcher, à travailler, à aimer, dans un monde où la Justice n’est pas juste. Et c’est injuste. Normalement, on a toute une vie pour se faire à l’idée… Mais ça fait ça, aussi, un viol. » (p.99)

Alors, outre la dimension cathartique du récit (Giulia Foïs ose mettre tous les MOTS nécessaires sur tous les MAUX endurés : « que ressent-on lors d’un viol ? pourquoi moi ?… »), le récit questionne frontalement le rapport de la société au viol, encore tabou et encore scandaleusement trop peu puni en 2020.

« La vérité, c’est que, quoi que tu dises, au fond, quand tu es victime de viol, tu ne pars pas vraiment gagnante. » (p.84)

Au prix d’une démonstration fluide et étayée de chiffres et d’éléments personnels de son propre parcours, Giulia Foïs élargit son propos aux VIOL-ences faites aux femmes. Il y a eu le #balancetonpor, le #metoo. La chroniqueuse de France Inter inaugure le #balancetonviol : sans doute une étape réV(I)OLutionnaire supplémentaire et fondamentale dans ce lent processus de revendication féministe, revendication que l’on ne peut que concevoir aujourd’hui.

« On part de loin, ça risque d’être compliqué. Et long. Et lent. Mais ça vaut le coup d’essayer. J’y crois. Je vois l’ampleur du chantier, mais j’y crois. Les « pourquoi moi ? » faisaient mal, les « pourquoi nous ? » me dopent. » (p.134)

Avec « Je suis une sur deux », il s’agit bien de libérer la parole et de revendiquer une écriture libératrice. Au nom des femmes. Au NON des femmes. Inaugural. Nécessaire. Salvateur. Merci Mme Foïs.


Je suis une sur deux, Giulia FOÏS, éditions Flammarion, 2020, 189 pages, 16€.

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