L’étourderie guette chacun de nous au quotidien, nous sommes d’accord. Des petits oublis, des rendez-vous manqués… Pour notre narrateur, il s’agit d’un double oubli : les clés de son appartement pour commencer, et ses mocassins pour continuer. Ainsi, le voilà derrière sa porte en confortables charentaises.

« Je ne pouvais le contester, ma journée allait prendre une toute autre tournure que celle à laquelle je m’étais préparé. » (p.15)
Que faire ? Le temps de trouver un serrurier, sa journée sera trop entamée et les rendez-vous à honorer manqués. Alors, au pied du mur, d’un pas bien décidé, il décide de braver le monde pantoufles aux pieds : métro, boulot, soirée huppée… Le narrateur chemine, suscitant l’étonnement, la moquerie mais aussi le respect. En effet, ne faut-il pas un certain courage pour oser défier le conformisme bien établi en prenant le contre-pied des normes sociales ? Certains l’adoubent, tandis que d’autres campent sur leur mépris. Force est de constater que personne n’est indifférent et que ces pantoufles tissent un lien social inédit.
« J’aurais pu envisager l’achat de chaussures étant donné que je disposais d’un peu de temps ; mais j’estimais que les choses s’étaient plutôt bien passées depuis le matin. » (p.37)
Ainsi, entre humour et pragmatisme, les saillies du narrateur sont un régal. Ses déambulations parisiennes chaudement chaussées sont le prétexte idéal pour réfléchir aux questions de l’apparence, des diktats et de la liberté d’être soi. Ce court récit s’avale d’une traite : nous lecteurs prenons vraiment notre pied !
« Jouer le jeu. Après tout, n’éprouvais-je pas le sentiment d’être dans un jeu depuis quelques heures. Un jeu dont j’étais peut-être en mesure d’arranger les règles à ma convenance. » (p.62-63)
Les pantoufles, Luc-Michel FOUASSIER, éditions FOLIO (Gallimard), 2022, 113 pages, 6.60€.
Un peu (beaucoup) d’humour ces temps-ci, ça ne peut pas faire de mal 😉
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Vital ! 🙂
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