Quel bonheur de retrouver ma chère Émilie Houssa qui, après son premier roman La Nuit passera quand même en 2018, revient avec un très beau second roman : La Possibilité du jour. Déjà, lorsque je l’avais rencontrée à Nantes en 2018 toujours, Émilie m’avait évoqué ses projets d’écriture, centrés autour de la cousine de sa grand-mère, partie vivre aux États-Unis pour y retrouver son amoureux. Mais les perspectives de son aïeule s’avèrent être des déceptions qui s’enchaînent les unes après les autres…
Deux ans après, ce beau projet littéraire est advenu : La Possibilité du jour évoque le parcours d’Aurore Félix, jeune femme de la bourgeoisie de Nice qui, une fois la Seconde Guerre Mondiale achevée, décide de rejoindre son amoureux américain reparti chez l’oncle Sam. Pour elle, c’est l’occasion rêvée de se libérer de ce carcan normatif dans lequel sa famille veut l’enfermer pour un destin tout tracé.
Mais, une fois sur le sol américain, elle découvre avec douleur que son bel amant américain a déjà déserté les lieux pour repartir se battre ailleurs. Quelles perspectives pour Aurore ? Revenir en France ? Sûrement pas !
« Comment revenir après ça ? Il n’y avait pas de retour possible mais pas non plus d’arrivée envisageable. J’étais en suspension. Je ne savais plus où aller ni qui j’étais, mais je me jurais de ne pas retraverser l’océan misérable et abandonnée alors que tous me croyaient majestueusement installée dans un paradis terrestre. » (p.20)
Alors, vaille que vaille, elle va faire de son mieux pour tracer son chemin en Amérique. De Cleveland à New-York en passant par Montréal, Aurore ne ménage pas sa peine pour gagner sa vie. Elle rencontre, sur sa route, quelques figures clés, tant masculines que féminines, qui vont déterminer son parcours professionnel d’une part, mais surtout personnel et émotionnel.
Cependant, cette richesse de l’Autre est à plusieurs reprises remise en question, que ce soit par le deuil, par la séparation ou par le départ. Toute la vie d’Aurore, de 1947 à 2016, est une vie sans cesse redéfinie, tant géographiquement qu’humainement, tout comme si rien ne pouvait durer vraiment.
« Il était évident, si évident, qu’il n’y avait rien de ce que j’avais pu imaginer. Pourquoi me laminer encore le cerveau de rêves possibles, d’un présent partagé ? » (p.75)
Au final, Émilie Houssa rend hommage à cette aïeule en lui offrant la mise en mots ce très beau parcours initiatique au cours duquel on retrouve les domaines de prédilection de l’écrivaine, à savoir, entre autres, l’histoire de l’art.
On ressent à chaque page l’admiration pour cette femme forte qui, malgré les épreuves de sa vie, a tout fait pour rester droite et avancer. Quel bel écho que cette vie passée à notre ère moderne de 2020 dans laquelle la voix des femmes se fait entendre plus fort chaque jour pour revendiquer la liberté d’assumer ses choix et ses droits.
« Il n’y avait pas de catastrophe, il y aurait les jours, leur enchevêtrement nécessaire, et leur fuite résolue. » (p.90)
Enfin, l’écriture d’Émilie Houssa est plus que jamais délectable : sa prose a gagné en force et en densité entre son premier roman et celui-ci. A bien des reprises, je me suis arrêtée pour savourer la beauté de certaines phrases. Amoureux des belles plumes, ce roman est pour vous.
La Possibilité du jour est un très beau portrait de femme libre engagée dans la réussite de son destin, aussi malmené soit-il. A la clé, les petits bonheurs que la vie offre, parfois. Et à jamais, pour les autres, pour les siens, un modèle de parcours résolument moderne.
« Je me transformais en la personne que je n’avais jamais envisagé être. Une femme volontaire et triomphante. » (p.188)
Chère Émilie, que ce roman t’offre la possibilité de la consécration littéraire, assurément méritée.
La Possibilité du jour, Émilie HOUSSA, Les Éditions de l’Observatoire, 2020, 259 pages, 20€.
Quelle femme ne serait pas intéressée par ce résumé ? Je prends note bien sûr…:)
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Tu vas adorer ! 🙂
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